Je transporte ce petit crayon depuis quelques semaines avec moi. Il n’a rien de spécial, il me permet d’écrire. Dans quelques mois, quand je l’aurai usé, j’en prendrai un autre. Ce crayon, je l’ai acheté à l’autre bout du monde, à plusieurs milliers de kilomètres de Paris, dans une petite boutique où se ravitaillent les enfants avant d’aller à l’école. C’est avec ce crayon qu’ils apprennent à écrire, à compter, à penser. Ils sont heureux là-bas, pressés de pouvoir — comme les grands — transcrire leurs pensées.

Hier, à Paris, c’est à cause d’un petit crayon comme celui-là que douze personnes ont été tuées. Un crayon pour se moquer et pour rire. Un crayon qui a fait tellement peur, qu’on est venu assassiner ceux qui le portaient.

Face à des événements comme celui-là, il ne faut pas se décourager, mais au contraire se tenir droit. Peu importe qu’il y ait une, mille ou un million de personnes dans la rue. Peu importe ceux qui, à l’inverse, se font la voix de la haine. Quant à moi, c’est aujourd’hui que je ressens le plus de motivation, car il reste tant à construire. Pour que les esprits restent éveillés, pour le droit à l’éducation et bien sûr à la santé. Pour le droit aux libertés fondamentales partout dans le monde. Pour que l’intégrisme ne triomphe pas sur la science. Pour remplacer une pulsion de mort par une pulsion de vie. Pour prendre un crayon et s’en servir.